Un spectacle remontant...
Elle est arrivée la fête du mouton et du sang...J'ai écrit quelque part, sous une autre signature, le parfait éxutoire que constitue le sang du mouton innocent pour notre immodéré appêtit d'hémoglobine* qui remonte à nos origines Caïniennes et qui ressurgit à intervalles réguliers sous forme de pulsions vampiriennes irresistibles...
Dieu qui est infaillible nous a donné là l'occasion de nous gaver du spectacle très "remontant" du sang qui gicle et des viscères qui s'étalent et chacun de nous , en égorgeant rageusement le sacré mouton tue symboliquement ses propres démons: qui sa femme lassante, qui son voisin chapardeur, qui son directeur imposant, qui son frère envahissant, qui son fils inutile... pour, juste après, rencontrer ce même démon dans des embrassades de pardon en attendant que, les ardeurs sanguinaires retrouvées, on reprenne les hostilités jusqu'à la prochaine fête.
Ah quels crimes n'aurions nous pas commis sans ce rituel que d'aucuns n'arrêtent pas de décrier !
A chacun son défoulement en fonction des pulsions qu'il aura refoulées; à certains les mardis-gras et bals masqués, à d'autres les carnavals colorés... à nous le mouton propitiatoire, le mouton expiatoire, le mouton éxutoire.
Les pulsions comme la matière ne se créent pas, ne se perdent pas mais se transforment. Crier haro sur le sacrifice du mouton, c'est prendre le risque de détourner les yatagans vers d'autres gorges qu'ovines... Alors que vive l'Aid El Adh'ha et bon appêtit !
*- Quelqu'un s'est il demandé pourquoi nous aimons rougir nos sauces avant de les boire ?
RAMADHAN ET SES PETITS
Mouton de l'Aid se moquant de ses égorgeurs
Dans mon village à la campagne, après plus de 14 siècles de bonne foi on découvre des pans cachés de la pratique religieuse à chaque nouvel Imam que nous affecte Ghoulamallah ou qui s'intrônise à notre Islam défendant. Ainsi en est-il des jeunes surérogatoires.
Dans la pratique villageoise habituelle, jusqu'aux années 70, on jeunait le Ramadhan et seulement le Ramadhan sauf si on avait contracté une dette pour une raison ou pour une autre ou juré pour rien... Puis on découvrit les 6 jours des stoïques de Choual et tout le monde se fit stoïque... Dix ans plus tard on vint nous assurer, hadidths à l'appui, que le jeudi et le lundi étaient des jours presque aussi sacrés que le vendredi et que nous gagnerons beaucoup à les honorer par le jeune et c'est tout naturellement que nous devînmes jeuneurs en ces jours saints au grand dam des restaurateurs et pour le grand bien des vendeurs de viande hachée et de fines herbes... Passe pour le jeune des deux jours qui précédent l'Aid El Kebir qui est devenu, comme le sacrifice lui même, plutôt Fardh que Sunna...
En calculant bien tous ces jours de diète qu'impose la foi new-look, moi j'ai trouvé qu'on devrait jeuner carrément un jour sur deux !...
Quand on sait comment s'effectue notre jeune, les dépenses que nous y consentons pour notre...bouffe, les efforts que nous y économisons dans notre boulot, l'adrénaline que nous y mobilisons dans nos rapports sociaux... on comprend mieux pourquoi, à chaque poussée de fièvre religieuse, le taux de nos diabétiques et hypertendus augmente si significativement ...
L'IMAM ET LES BREBIS
Notre Imam se préparant à nous administrer son prêche
Quelques semaines avant l'Aid El Kebir, notre Imam qui colle toujours à l'actualité dans ses prêches dictés par les services de Ghoulamallah, n'a pas manqué de nous entretenir d'égorgement... non pas pour fustiger cette forme d'envoi ad-patres des bipèdes génants mais du rituel sacré pratiqué sur certains quadrupèdes en ce jour sacré...NPM: une brebis licite... l'agnelet aurait pu l'être s'il n'était pas encore né.
L'autre principe que nous a inculqué notre Imam c'est celui de bander les yeux des moutons qui attendent leur tour d'être égorgés, un peu comme on le ferait aux condamnés avant de leur mettre la corde au cou... Il ne nous a pas dit de leur mettre des boules quiès dans les oreilles parce qu'il savait que les pharmacies n'en disposaient pas et étaient par ailleurs fermées au moment du grand rush vers les couteaux mais aussi parce qu'il n'était pas certain que le mouton sache interpréter les râles ultimes de son congenère quand il les exhale.
Mais si le mouton doit avoir les yeux bandés, ce n'est pas le cas des enfants qui doivent les avoir bien ouverts pour constater de visu ce à quoi ils ont échappé grâce au mouton propitiatoire dont fut gratifié le Prophète Abraham pour lui éviter un mémorable infanticide.
Quant aux caractéristiques physiologiques requises du mouton à égorger, notre Imam nous a précisé les conditions d'âge et de bonne constitution; le sexe important peu nous a t'il dit, en précisant que la brebis - même pleine - pouvait être sacrifiée...
L'assistance était particulièrement attentionnée jusque là mais, quand il nous précisa qu'il nous était licite de nous farcir l'agnelet qu'elle portait dans son placenta, à charge pour nous de l'égorger lui aussi, il y'eut un murmure dans la salle et on entendit quelqu'un se retenir de tout rendre et, la main sur la bouche, on le vit traverser les rangs des fidèles pour se diriger vers la salle d'eau...
Dans le silence religieux qui enveloppe l'assistance en pareille circonstance on crut l'entendre murmurer un "taklou errah'dj!" aussi indigné qu'écoeuré ...
INTERVIEW EXPRESS
Un égorgeur fier de l'être...
A tous saigneur tout honneur, aujourd'hui c'est un égorgeur qui nous réçoit
Elboldair: Bonjour M. l'égorgeur, saha Aidek !
L'égorgeur: mmm...
Elboldair: M. l'égorgeur, que ressentez-vous quand vous lui mettez le couteau à la gorge ?
L'égorgeur: j'me croise les doigts avant l'opération de peur de me les taillader...
Elboldair: Quel sentiment vous étreint quand vous croisez son dernier regard ?
L'égorgeur: moi j'regarde où j'mets l'couteau, il y va de ma sécurité...
Elbodair: Et quand vous entendez le dernier râle de cette vie que vous venez d'ôter ?
L'égorgeur: J'suis pas Tarzan pour comprendre le langage des bêtes...
Elboldair: Vous arrive-t'il de rater la trachée ?
L'égorgeur: Ca arrive mais c'est réversible, on réajuste et le tour est joué
Elboldair: Merci M. l'égorgeur !
L'égorgeur: mmm...
CHOLESTEROL ET SACRIFICE
Un lapin chinois faisant ses ablutions
Un prêcheur prêchant dans le désert du côté de Timimoun a recommandé aux fidèles aisés de continuer à sacrifier les gros moutons mais il les a incités à faire d'une pierre deux coups en sacrifiant concomitamment des lapins de garenne... Pour éviter de faire monter leur taux de cholestérol, ils devraient offrir les moutons aux nécessiteux et se contenter des lapins. Le prêcheur a prévenu les resquilleurs qui seraient tentés de se farcir le civet de lapin sans offrir le mouton que le rongeur, même quand c'est un lapin géant de Nouvelle Zélande ne peut être agrée comme bête à sacrifice s'il est égorgé tout seul.Le Ministère de la Santé Publique a cautionné cette idée en avertissant toutefois les nécessiteux quant à la nécessité de consommer l'ovin avec modération car le cholestérol ne fait aucun cas de la classe sociale et contrairement aux parasites de corps, il se colle aux riches comme aux pauvres...
Chiens bâtards attendant leurs parts de douara devant un fidèle préparant les tripes d'un mouton sacrifié.
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